Six hères lo soir,
édition d’artiste
PARTENAIRES : Co-production Epsilon Éditions / DRAC Réunion / Région Réunion / Département de La Réunion / Ville de Saint-Denis / Crédit Agricole.
PROJET : Six hères lo soir, ce sont 17 histoires fantastiques originales qui se situent à l'île de La Réunion, terre française isolée au coeur de l’Océan Indien. Transmises par la tradition orale familiale et le petit peuple - en particulier les bonnes d'enfants (« nénènes ») -, réinventées et racontées par la poète créole Emmmeline Payet-Coupama, ces « z’histoires » basées sur des faits réels sont un matériau hétéroclithe que j’ai mis en forme écrite, annoté et mis en image. Ce livre d'artistes réinvente les fragiles patrimoines immatériels que sont l'imaginaire et de la langue populaires créoles, métaphores d'une mondialisation économique engagée en réalité depuis plusieurs siècles. Emmeline et moi sublimons son enfance dans une île multi-ethnique des années 1950, mais encore structurée autour de l'économie plantationnaire et de la morale catholique toute-puissante. L'inavouable, c'est-à-dire le retour du refoulé culturel, n'a dans ce contexte d'autre choix que de s'incarner dans des lieux maudits. Dans un monde où l’électricité est encore marginale, la nuit est un espace-temps hostile où règne un Malin protéiforme et des peurs quasi médiévales.
Les images que j’ai réalisées pour le livre Six Hères lo Soir sont visibles sur cette page.
PROJET : Six hères lo soir, ce sont 17 histoires fantastiques originales qui se situent à l'île de La Réunion, terre française isolée au coeur de l’Océan Indien. Transmises par la tradition orale familiale et le petit peuple - en particulier les bonnes d'enfants (« nénènes ») -, réinventées et racontées par la poète créole Emmmeline Payet-Coupama, ces « z’histoires » basées sur des faits réels sont un matériau hétéroclithe que j’ai mis en forme écrite, annoté et mis en image. Ce livre d'artistes réinvente les fragiles patrimoines immatériels que sont l'imaginaire et de la langue populaires créoles, métaphores d'une mondialisation économique engagée en réalité depuis plusieurs siècles. Emmeline et moi sublimons son enfance dans une île multi-ethnique des années 1950, mais encore structurée autour de l'économie plantationnaire et de la morale catholique toute-puissante. L'inavouable, c'est-à-dire le retour du refoulé culturel, n'a dans ce contexte d'autre choix que de s'incarner dans des lieux maudits. Dans un monde où l’électricité est encore marginale, la nuit est un espace-temps hostile où règne un Malin protéiforme et des peurs quasi médiévales.
Les images que j’ai réalisées pour le livre Six Hères lo Soir sont visibles sur cette page.
Six hères lo soir est un livre d'artistes à forte dimension patrimoniale qui réunit les récits fantastiques d'Emmmeline Payet-Coupama et mon art visuel. Le studio a aussi réalisé l’édition globale de l’ouvrage et les traductions françaises. J’ai en outre conçu une graphie originale, de type étymo-phonétique, pour l’adaptation écrite des histoires créoles et rédigé plus de 360 notes patrimoniales apportant des éclairages scientifiques transdisciplinaires. La contribution du studio relève de l’anthropologie artistique, avec cette volonté de restituer ou reconstituer le cadre exact où se situent ces « histoires extraordinaires » des années 1930-1950. De fait, je me suis rendu dans chacun des lieux réels décrits par Emmeline - ou eu recours aux images d’archives quand ces lieux avaient subi les ravages de l'urbanisation - et a effectué les prises de vue nécessaires à la recomposition imaginaire d’une unité de lieu et d’action de récits qui relèvent à la fois du passé, du présent et du mythe.
SYNOPSIS : Dans les années 1940, à Bel-Air, un grand domaine sucrier de l’île de La Réunion, la petite Emmeline - Linette -, jeune Créole blanche de la haute bourgeoisie, raffole des z’histoires de sa nénène, une Cafrine employée pour s’occuper d’elle. À l'heure de l'angélus, entre chien et loup, ces histoires crépusculaires sont tour à tour terrifiantes, drôles, instructives, mais surtout absolument vraies !« Passé six hères lo soir, rent’ out’ case ! Dobout’ su palier, détaque la porte, tourne out’ dos, ramasse out’ l’omb’, arkile trois pas vitement, taque la porte in sèl coup, laisse la clef dan’ la serrire. Après ça, out’ coèr lé clair, ou a dort tranquille : mauvais z’âmes la pas gaingne suiv’ a ou. »« Passées six heures du soir, rentre à la maison ! Debout sur le palier, déverrouille la porte, retourne-toi, ramasse ton ombre, rentre à reculons de trois pas alertes, referme la porte et vérouille-la d’un même geste, et laisse bien la clef dans la serrure. Le rituel accompli, la conscience blanchie, tu dormiras en paix, le coeur plus léger : les mauvaises âmes n’ont pas pu s’engouffrer. »
Le coffret reprend des codes graphiques médiévaux en référence à l’imaginaire catholique, aristocratique et royaliste d’Emmeline - de lignée capétienne, par sa mère.
Mais la référence médiévale est aussi prégnante dans les lieux maudits, le bestiaire fantastique, les châtiments et autres transgressions initiatiques autour desquels s’articulent les zhistoires.
Mais la référence médiévale est aussi prégnante dans les lieux maudits, le bestiaire fantastique, les châtiments et autres transgressions initiatiques autour desquels s’articulent les zhistoires.
POUR ALLER PLUS LOIN... LE COMMUNIQUÉ DE PRESSE : Six heures du soir témoigne de la « réunion » fabuleuse de deux de ses enfants : Emmeline Payet-Coupama, une des dernières passeuses d’une histoire et d’un savoir de la vie quotidienne presque disparus, militante et conteuse décédée en 2014, jadis fillette gros blanc élevée dans un grand domaine sucrier, et Vivien Racault, qui oeuvre ici pour une sauvegarde et une reconnaissance du génie de la culture populaire créole. Conçu à la fois comme un livre d’artistes, une somme patrimoniale, un ouvrage pédagogique et une oeuvre de fiction, cet objet inclassable présente dix-sept z’histoires originales qui émergent d’un passé pluri-ethnique trop souvent simplifié et qui témoignent que la mondialisation est un processus mis en branle avec les colonisations européennes des « Indes » occidentales et orientales. Ces histoires, entre faits-divers, rumeurs et légendes, se situent dans La Réunion des années 1930-1950, où la sagesse, l’humour et le pittoresque proprement baroques du monde diurne co-existent avec des peurs crépusculaires dramatisées par le dogme catholique et les nombreux tabous hérités de l’esclavage. Les textes sont présentés en langue créole et en langue française, et sont pourvus de notes qui examinent le fantastique et le merveilleux créoles dans leurs dimensions sociologique, linguistique, historique, géographique, zoologique et botanique.
Au-delà de ces outils de compréhension et de transmission, on assiste à la naissance d’une mythologie réunionnaise avec des oeuvres visuelles qui vont bien au-delà de l’illustration, car elles explorent l’épaisseur sémantique des textes et dévoilent parfois un autre cheminement interprétatif - émotionnel et intellectuel - que celui validé par une lecture littérale, enrichissant ainsi l’expérience d’immersion du lecteur. Cette démarche artistique reste ancrée dans la réalité du vécu, mais inscrit chaque z’histoire dans l’universel en formalisant les archétypes qui les sous-tendent par le recours à l’allégorie. Ainsi, la vérité ou « morale » de chaque histoire est lisible en une image unique, mais cette vérité est parabolique et paralogique : l’effet de seuil produit par l'image, ce mystère initial, est ensuite approfondi et conscientisé par la lecture. Ces images puissantes, à la fois enracinées dans la nature réunionnaise et évocatrices de l’artifice théâtral ou cinématographique, constituent des tableaux mélodramatiques nous montrant la « fabrication » d’un sens à l’oeuvre dans l’imaginaire collectif, mais aussi l’envers insensé du décor : la souffrance et la mort.
Au-delà de ces outils de compréhension et de transmission, on assiste à la naissance d’une mythologie réunionnaise avec des oeuvres visuelles qui vont bien au-delà de l’illustration, car elles explorent l’épaisseur sémantique des textes et dévoilent parfois un autre cheminement interprétatif - émotionnel et intellectuel - que celui validé par une lecture littérale, enrichissant ainsi l’expérience d’immersion du lecteur. Cette démarche artistique reste ancrée dans la réalité du vécu, mais inscrit chaque z’histoire dans l’universel en formalisant les archétypes qui les sous-tendent par le recours à l’allégorie. Ainsi, la vérité ou « morale » de chaque histoire est lisible en une image unique, mais cette vérité est parabolique et paralogique : l’effet de seuil produit par l'image, ce mystère initial, est ensuite approfondi et conscientisé par la lecture. Ces images puissantes, à la fois enracinées dans la nature réunionnaise et évocatrices de l’artifice théâtral ou cinématographique, constituent des tableaux mélodramatiques nous montrant la « fabrication » d’un sens à l’oeuvre dans l’imaginaire collectif, mais aussi l’envers insensé du décor : la souffrance et la mort.